L’hiver en jaune citron du côté de Menton.30 minutes de lecture

L’Hiver est synonyme de froid, de frimas, de gel et de désolation dans la plupart des villes de France. Mais à Menton il se vit en jaune citron. Au rythme des corsi lumineux, constellé d’oranges étincelantes et valsant au son des exclamation émerveillées des visiteurs …
Et alors que l’édition 2019 bat son plein, il est temps de lever le voile sur l’un des plus jolis évènements de l’Hiver dans le Sud de la France. Et de vous donner envie de réserver vos places pour ce festival haut en couleurs !
Motifs d’agrumes, Jardins de Lumières, Corsi et Corsi nocturnes ; en jaune citron et bleu azur, Menton célèbre la fin de la saison froide…
Et le trésor mentonnais par excellence, l’agrume couleur soleil.

La petite et la grande Histoire de la Fête du Citron.

Menton, c’est celle que l’on appelle avec un rien d’admiration béate « la perle » de France. Ce petit bijou aux accents cobaltes, à la frontière entre la France et l’Italie. Laquelle la nomme quant à elle Mentone et ne rechigne pas à gouter à la version française de la Dolce Vita.
Entourée d’Antibes, de Monaco, de Nice, de Cannes de Mandelieu, et de tout le reste du gratin azuréen ; la jolie ville côtière fait figure de véritable petit paradis, ou affluent ceux qui se lassent bien vite d’un Hiver trop long. Car le climat y est (généralement, car 2018 fit légèrement exception comme vous le verrez sur les photos) doux et ensoleillé. Et ce, quelle que soit la période de l’année. C’est d’ailleurs ce climat particulièrement généreux qui est à l’origine de la fascination de la perle azuréenne pour l’agrume Roi.
En effet, à une époque où les têtes couronnées européennes et la belle société toute entière se pressaient aux portes de la pétillante Côte d’Azur dès les premiers frimas, il fallait bien occuper tout ce beau monde ! Et c’est pour cela qu’un hôtelier mentonnais, inquiet de voir ces riches touristes délaisser Menton une fois lassés des bains de mers et des soirées aux casinos environnants, proposa en 1895 d’organiser un festival qui animerait la ville durant les longs mois d’Hiver. Et l’urgence était d’autant plus grande que Nice, fleuron des environs, tenait son célèbre carnaval depuis 1871 ! Menton répliqua alors en lançant les prémices de ce qui deviendrait bientôt l’un des moments les plus attendus de la période hivernale dans le sud de la France.

Du reste, l’idée séduit si bien les locaux qu’une première parade fut organisée l’année suivante. Le corso était né et enflammerait désormais tous les Hivers mentonnais. Cependant, il fallut attendre 1929 pour que le citron vienne s’y associer et devienne la véritable vedette de ce festival connu et apprécié dans le monde entier.

A vrai dire, les premiers temps du corso s’articulaient autour de la tradition des “Moucouleti” ou “Moccoletti”. Laquelle consistait à défiler dans les rues de la ville avec un lampion tandis que les jeunes hommes tâchaient d’éteindre ceux des jeunes filles pour obtenir un baiser.
Mais en 1929, la célébration prend une toute autre tournure avec la première exposition de fleurs et d’agrumes dans les jardins de l’Hôtel Riviera. Et là encore, c’est un succés dont la rue s’empare l’année suivante. Même si le citron en était alors cruellement absent.
Cependant, il n’y aura pas longtemps à attendre pour que la star mentonnaise fasse son entrée. Car en 1934, l’évènement s’associe officiellement au Citron de Menton, afin de promouvoir la spécialité de la région aux yeux des touristes. Et aujourd’hui, soit 86 ans après la première Fête du Citron de Menton, le charme de ce bel agrume doré opère toujours !
« Broadway« , l’incontournable « Amour« , le « Cirque » ou encore l’univers « Disney » (et vous pouvez imaginer à quel point je suis triste d’avoir manqué celui-ci !) ; ce ne sont là que quelques uns des 60 thèmes choisis pour sublimer le bel agrume d’or au fil des ans …

Mais une question demeure … Comment le citron, ce petit agrume au goût acidulé est-il devenu un symbole pour les Mentonnais ? Tous les mentonnais vous le diront : c’est une épopée fascinante qui commence pourtant à des milliers de lieux des rivages de la perle azuréenne …

Le Citron, patrimoine doré de la belle Azuréenne.

A l’image du très célèbre Savon de Marseille, indissociable de l’histoire de la Cité Phocéenne, le Citron de Menton est devenu un élément incontournable du patrimoine culturel de la ville. Et les profanes, s’ils ne connaissent pas forcément ce joli coin de Méditerranée connaissent très certainement son célèbre ambassadeur. En cuisine, en décoration, sur les chars des corsi et surtout, rivé au coeur des Mentonnais ; le citron est partout à Menton. Une ascension irrépressible et tout à fait innatendue pour ce petit agrume venu tout droit du Sud-Est asiatique.
En effet, originaire de Chine, de Malaisie, d’Océanie ou encore du Nord-Est de l’Inde, ce petit agrume fait voile vers l’Orient où l’on trouve des traces d’agrumiculture dès le IV ème millénaire av J.C.
Du reste, c’est justement ce séjour oriental qui confèrera au citron ses lettres de noblesse car la civilisation arabe aura à coeur de l’apprivoiser, puis de le magnifier avant de le diffuser dans le monde entier. Cela grâce à l’apprentissage de sa conservation et de sa distillation. Sous forme de fruit confit ou d’eau parfumée, il apparaît en Occident au X ème siècle grâce aux avancées musulmanes en Espagne. Et plus précisément au coeur de l’actuelle Andalousie.
Or, les autres pays européens s’emparent bientôt de ce véritable petit trésor niché au coeur de la culture hispanique. Et ce probablement dès la fin du Moyen-Age, époque à laquelle la royauté d’Espagne est la plus puissante monarchie d’Europe et où toutes les cours royales espèrent imiter son raffinement … Mais c’est la belle Menton qui consacrera l’agrume d’or, lui offrant une place de choix tant dans son Histoire que dans sa vie de tous les jours.

Les premiers agrumes apparaissent à Menton dans les années 1340. Et c’est une véritable révolution pour la belle azuréenne qui (sur le modèle de ce qui se faisait en Méditerranée au Moyen-Age) réservait auparavant son quotidien agricole aux figues, raisins et céréales ; massivement présents aux alentours. Cependant, deux siècles plus tard, l’agrumiculture s’est tant développée que le Droit est obligé d’encadrer législativement sa production.
Ainsi, les princes de Monaco s’emparent du phénomène en taxant la vente des citrons de Menton, puis en les protégeant. C’est du reste à cet effet que le prince Louis Ier de Monaco institue le Magistrat des Limons en 1671. Cet organisme composé de 18 membres est chargé de traiter avec les négociants, répartir l’agrumiculture sur le territoire mais aussi d’organiser la vente des agrumes et d’en fixer les prix. Cependant, ils étaient aussi chargés de juger et de sanctionner les voleurs ou les mauvais vendeurs, notamment via le supplice de l’estrapade.
C’est avec toutes ces mesures et une intensification de la production d’agrumes sur la Côte d’Azur et aux alentours de la belle Menton que débute l’âge d’or du Citron de Menton. Lequel perdurera du milieu du XVIIIe au milieu du XIXe siècle.
A cette époque, la production d’agrumes (citrons et oranges confondus) est estimée à 2,8 millions de quintaux de fruits par an et une grande partie de ceux-ci sont exportés tout à la fois en Angleterre, Allemagne, Russie et Amérique du Nord. Mais aussi entre les villes portuaires de Marseille, Nice et Gênes ; grande consommatrices d’agrumes.
Pourtant, loin de concerner uniquement les producteurs d’agrumes, la culture du citron intègre bientôt chaque rouage de la société mentonnaise.

A vrai dire, à l’époque de son âge d’Or, le Citron de Menton est créateur d’emploi. De nombreuses femmes s’occupent du calibrage des agrumes et de la préparation des caisses destinées à l’exportation. Mais au delà du business de l’agrume lui-même, le citron de Menton bénéficie également à l’industrie de la menuiserie, de la marqueterie, de la confiserie ou encore au tourisme. Puisque nombreux sont désormais les vacanciers qui se pressent sur la Côte d’Azur pour goûter à ce petit agrume dont la légende n’est plus à faire.
En somme, le prince des agrumes fait vivre les mentonnais qui le lui rendent bien.
Ainsi, en sus de la fête hivernale dont il devient l’emblème en 1929, ils l’immortalisent sur la céramique ou sur forme de frise apposée sur les bâtiments de la ville.
Pour autant, en 1956, l’agrumiculture est mise à mal avec l’épidémie de « mal secco » qui infestent le citronniers de la région. L’exode vers les grandes villes suivra et mettra un terme à la production monumentale de citrons à Menton. Mais le petit agrume d’or n’est pour autant pas boudé par sa cité d’adoption puisque, élément incontournable de la vie mentonnaise, il est célébré chaque année pendant la période hivernale.
Un beau moyen de mettre du baume au coeur et des étoiles aux yeux des plus petits comme les plus grands et de continuer à mettre en lumière une page de l’Histoire mentonnaise qui aurait put être oubliée sans cela.

Les Must-Do de la fête du Citron.

La fête du Citron, c’est une magnifique célébration au coeur de l’Hiver. Mais c’est plus généralement encore la mise en valeur de l’intégralité du patrimoine mentonnais, au delà de l’agrume d’or.
Car courant sur deux ou trois semaines, l’évènement ne s’arrête pas aux Jardins Bioves que la fête a investis dès 1936. Bien au contraire, il envahit les rues et tient lieu de cadre au célèbre salon de l’artisanat mentonnais.
AInsi, la Fête du Citron s’articule principalement autour des Motifs d’Agrumes des Jardins Bioves. Je ne m’étendrais pas là dessus car je vous en ai déjà parlé à de nombreuses reprises, notamment lors de mes instantanés azuréens où je vous contais mon expérience au coeur des Motifs d’Agrumes en 2018.
Cependant, je vous dirais simplement qu’il s’agit selon moi du temps fort de cette célébration. C’est là que vous pourrez contempler les sculptures d’agrumes (citrons et oranges) et déambuler autour d’elles pour en dénicher les plus petits détails. A mon sens, c’est là la meilleure manière de profiter du festival, puisque vous pourrez prendre le temps de mesurer et d’apprécier tout le travail d’orfèvre qu’ont nécessité les constructions.

Pour autant, et bien que je n’ai pas eu moi même la chance d’y participer l’année passée, je sais que le Corso (en version diurne ou nocturne) est également un moment très prisé de la célébration. Cependant, si vous souhaitez y assister, pensez à arriver au moins 2 heures avant le début de la manifestation. Un conseil plein de bon sens donné par l’office du tourisme de Menton lui-même, car le Corso attire la foule !
De même, prenez le temps de visiter le Salon de l’Artisanat dont je vous parlais plus tôt. Ne nécessitant aucun droit d’entrée, cette promenade au coeur des spécialités mentonnaises devrait ravir tout autant vos mirettes que vos papilles. Et vous donner l’occasion de faire le plein de confitures au citron et de mimosa flamboyant, ou de produits de beauté luxueux et délicatement parfumé.
Sans compter que le Palais de l’Europe où se tient traditionnellement cet évènement accueille en cette occasion une exposition botanique à couper le souffle, où couleurs et senteurs enivrantes saturent les sens et l’esprit.
La gourmande en moi vous conseillera également de vous laisser tenter par l’une des citronnades proposées dans les stands du Jardin Bioves, histoire de voir ce que vaut réellement le roi de Menton ! Et croyez moi, vous ne devriez pas être déçu(s) tant sa saveur délicate est reconnaissable entre toutes …

Enfin, sachez que si vous vous rendez à Menton à la clôture du festival, vous pourrez faire partie des quelques chanceux qui pourront acheter les fruits à prix doux, une fois les chars démontés. Ainsi, en 2018, ce sont 140 tonnes d’agrumes qui ont fait les délices des becs fins. Et les amateurs de fleurs ne seront pas non plus en reste, puisqu’elles aussi font partie de la vente !
Une solution parfaite pour un festival durable !

Février 2019 : 86 ème édition du festival.

La 86 ème édition de la Fête du Citron de Menton enchante actuellement des milliers de visiteurs privilégiés.
Plus de 15 jours de festivités attendent les locaux comme les touristes et drapent la belle azuréenne de féérie. Et de fantaisie. Car le thème de cette année 2019 n’est autre que celui des « Mondes Fantastiques« , une appellation qui laisse présager des festivités grandioses ! Avec ce seul intitulé, l’imaginaire vagabonde. Des dragons, des paysages célestes inspirés d’Avatar, du Pays d’Oz ou peut-être des références à l’univers fantasque d’Alice au Pays des Merveilles, voir à celui du célèbre Harry Potter … qui peut dire de quoi se sont inspirés cette année les concepteurs du festival ? Quoiqu’il en soit, l’impatience monte peu à peu et il me tarde personnellement de découvrir les merveilles que nous réserve cette année la ville de Menton et son bel ambassadeur …

Un Chaton Chiffon au coeur couleur citron.

Ceux qui suivent Le Chaton Chiffon régulièrement le savent, et je ne ferais donc pas durer le suspens plus longtemps.
Ce festival a été l’un des grands moments de mon hiver 2018. J’ai été totalement conquise par la passion, le savoir-faire et la créativité des équipes en charge de la conception de ce festival. Et bien que le travail réalisé en amont soit sans nul doute colossal, le résultat était à la hauteur des efforts engagés ! Du reste, si je n’ai pas eu la chance de participer à toutes les activités proposées, j’ai littéralement adoré chaque instant passés la bas.
Et je poursuivrais en assurant que bien que les motifs d’agrumes soient magnifiques à la lumière du jour (et ce même sous la pluie, c’est promis !), il ne faut manquer sous aucun prétexte la vision féérique qui s’offre à vous une fois la nuit tombée … C’est à mon sens l’une des plus belles façon de savourer ces sculptures oniriques et d’entrer pleinement dans cet imaginaire foisonnant et chimérique.

Un souvenir gracile et diaphane que je n’oublierai probablement jamais car le temps d’une promenade sous les étoiles, je ne me trouvais plus dans le sud de la France, mais bel et bien au coeur de l’Inde, dans les jardins d’un palais chatoyant…
La nuit, les motifs d’agrumes sont sublimés par des effets olfactifs ou la mise en place de sons et lumières. Lesquels magnifient et intensifient l’expérience en donnant cette impression si précieuse d’Absolu.
De plus, j’ai également eu la chance de profiter de l’exposition d’orchidées où l’amoureuse de jardins que je suis était aux anges parmi les milles et une fleurs colorées et parfumées. Autant vous dire que l’appareil photo a chauffé ! Sans compter que j’ai beaucoup aimé découvrir les spécialités, gourmandes ou décoratives, du coin. Et rapporter à ma Mamie ce petit magnet à l’effigie de la star du coin, le fameux Citron de Menton !

Alors vous l’aurez compris, je ne peux que vous conseiller de profiter des weekends à venir pour quitter votre nid douillet et faire un petit tour du coté de la Fête du Citron de Menton ! Croyez-moi, vous ne le regretterez pas !
Et cela d’autant plus que, je l’avoue sans peine, une escapade sur la Côte d’Azur au coeur de la mauvaise saison n’a rien d’une corvée ! Les Hivers en Provence sont certes doux et cléments mais ici, ils ont un goût d’Eté et de féérie inégalable …

Et vous ?

Avez vous déjà eu l’occasion de participer à l’une des éditions de la fête du Citron de Menton ? Si oui, laquelle ?
J’avoue que je regrette encore d’avoir raté l’édition 2018 sur le thème de Brodway… Mais je me suis bien rattrapée avec l’édition portant sur Bollywood en 2018 !
Avez vous assisté à l’édition de 2019 ou comptez vous y assister ?
Dites moi tout et n’hésitez pas à me faire partager vos plus beaux souvenirs de cet évènement !
Enfin, je tiens à chaleureusement remercier l’Office du Tourisme de Menton pour ses réponses à mes nombreuses questions, lesquelles m’ont bien aidé pour la rédaction de cet article qui je l’espère, vous aura fait découvrir cette belle tradition azuréenne …

XoXo Le Chaton Chiffon.