Jour 1 : « Fruits d’or, Côte d’Azur et gris souris »

11h30 :

« La route défile inlassablement devant nous, sertie de gouttes de pluie furieuses qui martèlent le pare-brise.
J’avoue que lorsque j’ai choisi de délaisser ma sacro-sainte exploration de la Provence hivernale, je l’avais rêvée autrement cette Côte d’Azur paradisiaque … Azuréenne pour commencer.
D’un bleu intense, presque violent, presque trop en somme. Dans un écrin de fleurs irréelles, aux accents d’or, de fuchsia profond et de blanc éclatant. Des effluves de miel, de citron et de mimosa mêlées à la brise marine.
Une carte postale chimérique, héritée d’un âge d’or littéraire qui, je dois bien l’avouer, se fracassait durement sur l’autoroute détrempée de ce matin de Février. Pour autant, ce paysage gris souris est loin d’être triste.
Colérique peut-être avec ses arbres sombres et ce vert mousse qui peine à se détacher sur le ciel endeuillé. Mais de part et d’autre, des forêts entières ( oui, oui des forêts ! ) de rameaux dorés égayent ce paysage tout en nuances de pluie …
Pas de doute, je course l’hiver, exploratrice en goguette, poursuivant quoi qu’il en coûte le moindre rayon ambré sur la route grisée … Et je sais que cette Côte d’Azur tant attendue me permettra de lui échapper. Au moins le temps d’un weekend … Au moins le temps d’un rêve … »

Sur la route de la Côte d’Azur… vert mousse et gris souris.

13h30 :

« C’est toujours enveloppés de brume que nous atteignons la première étape de notre séjour express à la recherche d’un printemps perdu.
La belle Menton, divine créature gorgée de sel marin, d’agrumes et de soleil étincelle même sous la pluie. Son architecture apprêtée, ses rues façon orangeraies. Même par temps gris, Menton est un petit Eden, l’un des joyaux de la Côte d’Azur.
Soudain, la pluie disparaît et le charme de la French Riviera opère instantanément. Le ciel a beau être gris, bordé de fruits d’or comme l’est celui de Menton, il est magnifique ! Je lève le nez, indifférente aux quelques gouttes qui s’écrasent sur mon visage et hume l’air saturé de fruits sucrés.
Décidément, l’hiver a un charme fou lorsqu’il est serti d’azur … »

Défilé d’agrumes dans les rues de Menton.

14h30 :

« La foule s’engouffre derrière des palissades qui semblent dissimuler un trésor d’initiés. Je me presse, me hisse sur la pointe des pieds pour apercevoir quelque chose malgré les murs trop hauts. Je me tourne légèrement et là, je reste ébahie. Au dessus des palissades, idole tout en nuances d’or sur un ciel attristé, un immense Ganesh d’agrumes toise les visiteurs … Bien entendu, je ne peux en distinguer tous les détails, mais cette vision a quelque chose d’incroyablement jouissif. Sur le ciel couleur souris de Menton, l’incroyable sculpture rayonne … Mais il est temps, le couple devant moi avance, et je le suis, déjà happée par la seule idée des couleurs incandescentes qui m’attendent à l’intérieur. Et je ne suis pas déçue.
J’ai beau entendre derrière moi une dame se plaindre du coté un peu « monochromatique » de la chose – sait-elle au moins ce qu’elle est venue voir ? – , je suis saisie. Certes, je n’ai pas la chance de contempler ces édifices tout d’agrumes vêtus auréolés d’un ciel bleu azur, mais leurs atours pluvieux ne les rendent que plus flamboyants … Je déambule au hasard dans un monde de légendes chatoyantes, prenant vie sous mes yeux. Et j’imagine les saris chamarrés, ondoyant parmi les agrumes apprêtés. Car Ganesh n’est pas seul.
Ce dieu de la sagesse précède toute une cohorte de personnages sortis tout droit d’un rêve indien. Danseurs poétiques, lotus délicats, félins majestueux, paons resplendissants et palais de contes de fées ; tout Bollywood est là. La musique nous entraine, l’orange et le citron embaument l’air et l’on se perd avec délice dans les méandres de ce jardin exquis. »

L’un des grands moments du Festival du Citron à Menton : Les motifs d’Agrumes.

17h00 :

« C’est encore l’esprit embrumé de rêveries que je quitte -momentanément- les Jardins de Bioves.
Mais pour pousser la porte d’un autre endroit tout aussi coloré et précieux, celui de l’exposition d’orchidées … Et le concept semble avoir du succés car la foule s’y presse, avide de comparer les différentes beautés qui lui sont présentées.
Du rose tendre, du jaune éclatant, du violet façon léopard, du blanc crémeux … L’orchidée a revêtu pour l’occasion ses habits de fête. Et les amateurs du genre doivent exulter de voir rassemblées en un même endroit tant de variétés plus sublimes les unes que les autres. Quant à moi, telle une Alice en sari, je déambule parmi ces quelques centaines de fleurs, dissimulant parfois un éléphant ou un couple d’amoureux en turban et soieries. Car l’Inde est également à l’honneur ici, parmi ces ambassadrices de charme que tous mitraillent de photos, contemplent, hument ou ramènent chez eux afin d’y apporter un peu de ce délicat exotisme qu’elles renferment. Je suis tentée moi aussi ; mais malheureusement, la journée est encore longue et je ne me vois pas promener mon trésor dans les rues de Menton jusqu’au départ …
Ce n’est pas grave, je prévois déjà de revenir.
Je flâne encore un peu parmi les exposants : Eau de Menton, gourmandises au coquelicot, aimants à l’effigie du héros de la fête, cartes postales, vaisselle… Tout ici sent bon la dolce vita à la française… et le citron !  »

L’exposition des Orchidées, un autre grand moment de l’hiver à Menton.

19h00 :

« Au crépuscule, j’arpente les rues mentonnaises …
A ma droite un carousel éclairé. J’aimerais avoir ce cliché, mais l’image est floue. Je la grave donc dans mes souvenirs en savourant le bruit des vagues, les rires autour de moi, les bruit des verres qui trinquent en terrasse.
La vie à Menton a décidément un air de tranquille Italie. Elle se déguste, comme cette soirée de février qui prend un air d’été … Nous croisons 4 ours en peluches attablés, ils nous font sourire et nous rappellent qu’il commence à faire faim. Nous poussons alors la porte d’un de ces restaurants de bord de mer. Et entreprenons un voyage dans le voyage.
Menton à la porte, l’Italie dans les plats et toujours cet agrume roi, ce doux citron d’or qui parfume les plats et enivre les coeurs … »

L’agrume roi fait vibrer les desserts du Leone Restaurant.

20h30:

« La nuit à Menton ne démérite pas …
Elle est constellée de lumières et de promesses. Et pour nous, elle ne fait que commencer … Nous longeons le bord de mer et appréhendons à chaque pas la beauté de cette Côte d’Azur by Night.
De cette douceur de vivre que l’on ne trouve qu’ici. »

Songes d’une nuit mentonnaise…

21h00 :

« J’ai toujours pensé que l’Hiver avait une certaine magie.
Faite de flocons et de nuages argentés, de ciel givré et de charme glacé. Une magie froide et évanescente.
Mais ce soir, au Jardin de Lumières de Menton, c’est tout le contraire.
Car ici, l’Hiver est bigarré, doré, ardent. Il est fantasmagorique et musicien, peintre et conteur. Tout en jeux de lumière et nuances enflammées. Un fakir, des dompteurs de feux, des musiciens et des danseuses … toute l’Inde est aux Jardins Bioves. Et les motifs d’agrumes, que j’avais déjà tant appréciés sous la pluie, prennent une toute autre dimension une fois l’obscurité venue …
Envoutée par l’atmosphère joyeuse et féérique, je déambule entre les tableaux d’agrumes illuminés que la nuit pare de majesté. Tout d’un coup, je ne suis plus dans le sud de la France ; je ne suis plus en hiver. Tout d’un coup je suis en Inde, dans un palais ouvragé, serti de palmiers, de fleurs odorantes et de tigres rugissants. L’air embaume l’orange et le citron, le lassi aux dates et les roses tout juste écloses. Et dans la douceur de la nuit, les passants avancent les yeux écarquillés, complètement happés par la magnificence du lieu. Je souris doucement: je reconnais sur leur visage le même air béat qui flottait à l’instant même sur le mien …
Ce songe d’une nuit d’Hiver est à nul autre pareil… »

Exotisme féérique au Jardin des Lumières.

23h00 :

« Les yeux ont beau piquer un peu, il semble qu’aucun des oiseaux de nuits mentonnais ne souhaitent quitter ce jardin délices.
Moi même, je me surprend, malgré la fatigue et les kilomètres à pied avalés, à vouloir encore butiner ça et là, et à ne quitter les suaves Jardins Bioves qu’à regret. J’aurais voulu pouvoir rester encore dans cette Inde enchantée, cette Inde retranscrite à la force du rêve des mentonnais… »

Une féérie nocturne savamment orchestrée par la ville de Menton.

Jour 2 : « Les délices d’Antibes ».

10h30 :

« Le réveil a légèrement piqué …
Entre les photos à charger et l’envie de partager encore et encore ces beaux moments, je n’ai pas fermé l’oeil avant 1h30.
Mais c’est encore émerveillé que je me lève ce « matin », prête pour une deuxième journée sur la Côte d’Azur. Cette fois-ci c’est à Antibes, où nous avons passé la nuit, que nous nous promènerons.
Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’aujourd’hui, le temps est idyllique ! Un vrai cliché azuréen, l’image même de la Côte d’Azur mythique que j’espérais trouver en partant … Robe légère, manteau défait, j’hume l’odeur de mimosa en quittant l’appartement, l’esprit encore plein de lotus lumineux, d’éléphants d’oranges et de dieux couleur citron … L’Hiver à ici se drape de milles et une nuances d’Eté. »

Vue sur le coeur historique d’Antibes …

11h00 :

Brunch du dimanche dans le vieil Antibes.

13h30 :

« Le soleil inonde la vieille ville d’Antibes et auréole tout d’une douce chaleur.
Certes, ce n’est pas comme s’il m’avait manqué, la Provence bénéficie aussi de ses attentions. Mais chez moi, l’hiver le rend pâle, presque lunaire. Ici, il est tiède et enveloppant. Comme une douce liseuse, il se drape autour de mes épaules tandis que je regarde le ballet lancinant des vagues … La promesse d’un été avant l’heure et d’innombrables délices … Je me surprend à repenser à mes livres de latin, à ce général carthaginois maintes fois victorieux, qui s’était pourtant enlisé dans les charmes d’une petite ville de Campanie et y avait perdu toute son ardeur à la guerre … Jusqu’à s’y perdre lui-même. Et je me dis qu’il aurait tout aussi bien put succomber aux délices d’Antibes.
C’est tentant de se laisser bercer par la mer, de s’engouffrer dans la béatitude de l’instant T. De laisser tout ce qui n’est pas la Côte d’Azur dans un petit coin obtus de mon esprit et de simplement prendre le temps de vivre.
Des yachts démesurés qui nous font rêver autant qu’ils nous interrogent, des fleurs exotiques qui parsèment ce petit coin d’une France idyllique, et des vues à couper le souffle, entre neige diaphane et flots bleus. Chaque seconde prend ici tout son sens.
L’hiver n’est plus qu’un lointain souvenir et des effluves dorées vont et viennent autour du littoral. Nous marchons lentement, foulant délicatement le sable du pied. Mon amie me raconte l’histoire d’un bateau de sable, posé au pied des vagues et illuminé par des centaines de bougies … Je ferme les yeux un instant.
Et je le vois,vaisseau onirique voguant au milieu des crêtes de coq et de l’écume déchainée … J’aimerais grimper à son bord, parcourir  les océans sur ce navire de sable blanc… »

Balade en bord de mer.

15h00 :

« J’aurais voulu ne jamais partir.
Ecrire un millier de vies à l’encre marine de la Côte d’Azur. Mais le parfum des mimosas s’estompe doucement, à mesure que s’écoule l’autoroute qui me ramène à mes lavandes pas encore écloses, à mes amandiers tout juste éveillés. A ma Provence que l’on croirait endormie face à ce déferlement de couleurs, de senteurs, de ressentis.
La Côte d’Azur est une gâterie, une confiserie pour quiconque trouve l’hiver trop long. Même pour nous, provençaux qui sommes pourtant si peu à plaindre.
Sait-elle seulement, cette douce côte bleue ce que c’est que l’hiver qui gèle les sols et les coeurs ?
A en voir cette route bordée d’or, je jugerais que non … »

Même l’autoroute se décline en bleu et or par ici …

Et vous ?

Votre dernier séjour sur la Côte d’Azur c’était comment ?
Voilà pour mes impressions et mes bonnes adresses, j’espère que vous me donnerez les vôtres !
Et que si vous ne l’avez pas encore fait, vous vous précipiterez voler un peu de beau temps et d’émerveillement sur les routes de Menton ou d’Antibes !
Moi en tout cas je n’en ai pas fini avec cette sublime région et je vous en reparle très bientôt car nous entamons sur le blog un mini cycle Côte d’Azur … Et je peux vous assurer que cette belle région regorge de merveilles …

XoXo Le Chaton Chiffon.